Histoire de Megève
Étymologie du nom de Megève
Megève (Megeva) dériverait de media aquarum qui signifie en latin « au milieu des eaux ». Cette expression fait référence soit à la position du bourg sur une ligne de partage des eaux (bassins versants de l’Arly au sud-ouest et de l’Arbon au nord-est), soit à l’implantation de son prieuré, noyau probable de l’actuel chef-lieu, entre les ruisseaux du Glapet et du Planay.
Blason de la ville
Les armoiries actuelles de la ville sont en fait celles des comtes de Capré. Megève n’avait en effet pas, en propre, d’armoiries, la localité ayant longtemps dépendu de la châtellenie de Flumet. Jusqu’en 1698, le territoire de Megève, à l’exception notable de l’Hôtel de ville et du Pré de foire, faisait partie du domaine direct des princes de la Maison de Savoie. Cette année-là, Victor-Amédée II, pour couvrir les frais de la dernière guerre avec la France, doit entre autre mettre en vente cette châtellenie et les droits féodaux en dérivant. Acquis par Joseph Nicolas de Bieux, comte de Flumet, ils sont revendus dès 1699 à François de Capré, auditeur à la chambre des comptes, qui achètera également Demi-Quartier en 1702.
Victor-Amédée II, en reconnaissance de l’action de Hyacinthe de Capré – le fils de François – lors des négociations qui ont abouties au Traité d’Utrecht (1713), érige la seigneurie de Megève en comté. Le premier comte de Megève choisit alors pour armoiries… une chèvre, capra signifiant en effet chèvre en latin : « D’azur à une tête et col de chèvre coupés d’argent, au chef d’or », avec pour devise « Non Indigna Coelo » (« Ma famille n’est pas indigne du Ciel »).
En 2005 le blason est légèrement modifié et répond désormais à cette description héraldique : « Pavé d’azur à une tête et col de chèvre au chef d’argent ».
L’histoire contée
Jean-Baptiste Clément-Berthet, un curé mègevan du XVIIIe siècle, nous plonge ici dans les temps fabuleux et héroïques en nous contant la fondation de Megève telle qu’elle était transmise par les Anciens.
Les Muffat et les Grosset sont les fondateurs de Megève. C’étaient deux compagnons conduits je ne sais par quel hasard dans ces contrées. Le nom de Muffat fut donné à l’un d’eux parce que ce vaillant homme portait sur sa tête le mufle d’un monstre selon la coutume des héros de l’ancien temps, en signe de sa bravoure et de son habileté à dépeupler les bêtes farouches. L’autre fut appelé Grosset parce qu’il était gros et gras et qu’il était armé d’une grosse massue dont il se servait pour dompter les ours. Tous les deux montraient un grand courage dans le péril.
À leur arrivée à Megève c’était un désert affreux, habité seulement par des horribles monstres et où les brigands venaient souvent chercher l’impunité. Ces deux hommes conduits par l’aventure ou plutôt par un heureux destin s’égarèrent quelques temps dans de noires forêts : ces sombres demeures n’inspiraient que terreur, un bruyant orage ne faisait qu’agiter des arbres touffus dont la tête altière dérobait jusqu’aux moindres rayons de clarté. Les plaintifs gémissements de l’innocente tourterelle livrée aux fureurs de l’avide vautour, les hurlements des bêtes farouches, le sourd murmure des eaux d’alentour, les antres affreuses qui s’ouvraient dans leurs pas : tout semblait leur dire que jamais ils ne s’en tireraient et que c’en était fait de leurs jours. Lorsque, tout à coup, ils entendirent le son d’un instrument champêtre. Alors une douce joie s’empara de leur âme, ils volent vers le lieu d’où part un si mélodieux accord, ils prêtent une oreille attentive, ils promènent les yeux errants, enfin ils aperçurent quelques troupeaux et auprès d’eux deux figures humaines qui, enveloppées dans des toisons de brebis, étaient assises près d’un buisson dans un lieu un peu découvert.
Ces personnes aussi sauvages que le pays qu’elles habitaient furent bien alarmées de la présence de ces deux nouveaux venus, et se hâtèrent de s’éloigner. Les deux voyageurs, au contraire, s’efforcèrent de les atteindre ; ils les joignirent effectivement et, après leur avoir parlé sans pouvoir se faire entendre, ils eurent recours aux signes. Un des sauvages leur montra une hauteur sur laquelle il y avait quelques cabanes. Muffat et Grosset y dirigèrent leurs pas. C’était précisément sur ce mont de terre que l’on voit encore aujourd’hui au village de Cassioz (Cassioux) dit le Nottet […].
Ce qui rendait surtout Megève inhabitable c’était un monstre horrible qui dévorait tout ceux qu’il rencontrait. Volontiers, l’opinion des anciens s’accorde sur ce fait et a passé de père en fils jusqu’à nous, c’était à ce que l’on croit «un vipère volant» (1). Il habitait vers Tirecorde. C’est ce qui faisait qu’un petit sentier au-dessus de Bellevarde se pratiquait de Flumet à Sallanches, mais jamais ne descendait à la plaine. Le fameux Muffat, toujours teint du sang des ours et des sangliers, marcha contre la vilaine bête avec sa flèche ; Grosset, son fidèle compagnon qui ne lui cédait en rien, le suivit avec sa pesante massue hérissée de pointes de fer. Bien qu’intrépides, ce ne fut pas sans peine et effroi, qu’ils vinrent à bout de lui percer le flanc et ’écraser sa large tête. Plus d’une fois, ils se crurent à leur dernière heure, ses violentes secousses et ses horribles sifflements les faisaient pâmer de crainte. Ils réussirent pourtant.
Après cette fameuse défaite, ils allèrent rejoindre leurs bergers, leur montrèrent la carcasse de ce furieux animal qu’ils avaient déjà tant redouté. Ils se familiarisèrent avec eux, les associèrent à leurs travaux et se mirent à peupler et à cultiver le pays. La défaite du monstre se répandit au dehors. Bientôt les Allobroges voisins, que la crainte avait écarté de ces lieux, s’empressèrent de se réunir à cette nouvelle colonie.
Jean-Baptiste Clément-Berthet
Histoire de Megève depuis ses origines jusqu’à la Révolution (1792)
1) Animal fantastique plus connu sous le nom de vouivre (du latin vipera : vipère, serpent). Primitivement, la vouivre, traversant le ciel nocturne comme un trait de feu, porte au front une escarboucle qu’elle dépose sur la rive quand elle va boire ou se baigner ; celui qui pourrait alors s’emparer du joyau serait à jamais riche et heureux. Sous cette belle légende se cache vraisemblablement à la base l’observation de chutes de météorites…
2013
Création de la Communauté de communes Pays du Mont-Blanc. Cette nouvelle entité résulte d’une réorganisation territoriale du Syndicat mixte du Pays du Mont-Blanc dans le cadre d’une réforme des collectivités locales engagée en 2010. Elle regroupe plus de 46 000 habitants permanents répartis en 10 communes : Sallanches, Cordon, Combloux, Demi-Quartier, Megève, Praz-sur-Arly, Domancy, Passy, Saint-Gervais-les-Bains, Les Contamines-Montjoie. Son siège demeure situé à Passy.
Megève Tourisme devient le premier office de tourisme de Haute-Savoie classé en catégorie 1, qui garantit au public le meilleur niveau d’accueil, d’aménagements et de services.
Inauguration d’une sculpture monumentale de Pierre Margara installée dans le quartier rénové des Cinq-Rues, en hommage au tube mondial My Way et à son auteur Jacques Revaut qui l’avait composé en 1967 à Megève.
Ouverture du Spa des Sports. L’établissement, intégré au Palais des Sports, propose des soins du corps, massages sportifs, bains et relaxation pour hommes, femmes et enfants.
Inauguration du musée de l’Ermitage, entièrement dédié à la construction du Calvaire.
Ouverture du site internet Megève Parkings (www.megeve-parking.fr), qui regroupe l’ensemble des informations sur le stationnement dans la commune.
2012
Lancement du site internet We Are Megève (we-are-megeve.com), plateforme regroupant différents produits et services destinée à une vaste communauté virtuelle.
Lancement du site intranet de la mairie.
Obtention par certains services publics de la ville de la certification ISO 9001, qui garantit le respect d’engagements précis pour diverses missions (accueil, orientation, délivrance d’actes et autorisations,…).
Un couple de Mègevans, François et Olga Allard (Tissot), reçoit de façon posthume le titre de « Justes parmi les nations », distinction honorifique délivrée par l’État d’Israël à des civils ayant mis leur vie en danger pour sauver des Juifs lors de la Seconde Guerre mondiale.
Le restaurant d’Emmanuel Renaut Flocons de sel rejoint le club des tables comptant « trois étoiles » au guide Michelin.
2011
Megève obtient une deuxième Marianne d’Or.
Achèvement de la restauration du Calvaire, entamée dès 2004.
Rénovation du musée de Megève.
2009
Megève est surclassée en tant que commune touristique dans la strate des villes de 40 000 à 80 000 habitants (sa population permanente s’élève alors à 3878 personnes).
Le Chalet du Mont d’Arbois devient le premier hôtel de la ville à obtenir « cinq étoiles ». Cette nouvelle catégorie constitue la plus haute marche atteignable par un hôtel français. Au cours des années suivantes, cinq autres établissements mègevans bénéficient de la même distinction : les Fermes de Marie, l’Alpaga, le Chalet Zannier, le Fer à Cheval et les Flocons de Sel.
2008
Megève est la première commune située au-dessus de 1000 mètres d’altitude à obtenir « 4 fleurs » au concours des villes et villages fleuris.
2007
Megève Tourisme devient le premier office de tourisme français à se voir certifié ISO 14001 (norme de management environnemental).
2005
Liaison des domaines skiables de Megève et de La Giettaz.
Megève est rattachée à la paroisse Sainte-Anne d’Arly-Montjoie, qui englobe onze autres anciennes paroisses : Combloux, Praz-sur-Arly, Flumet, La Giettaz, Notre-Dame de Bellecombe, Saint-Nicolas-la-Chapelle, Chaucisse, Saint-Gervais-les-Bains, Saint-Nicolas-de-Véroce et Les Contamines-Montjoie.
2004
Megève est intégrée au réseau international « Best of the Alps » qui regroupe douze stations touristiques prestigieuses du massif alpin, appréciées pour leur « mariage des traditions bien conservées et du progrès vécu attentivement » : outre Megève, on y retrouve Chamonix, Cortina d’Ampezzo, Davos, Garmisch-Partenkirchen, Grindelwald, Kitzbühel, Lech/Zürs am Arlberg, St. Anton am Arlberg, Saint-Moritz, Seefeld et Zermatt.
Inauguration de la nouvelle station d’épuration.
2003
Inauguration de la médiathèque.
Ouverture du site Internet de la Mairie (www.megeve.fr).
2001
Megève se voit décernée une Marianne d’Or, distinction honorifique obtenue pour son engagement en matière de développement durable.
Le restaurant mègevan de Marc Veyrat la Ferme de mon Père obtient « trois étoiles » au guide Michelin.
1999
Création de la SEM des Remontées mécaniques de Megève.
Ouverture du site internet de l’Office de Tourisme (www.megeve.com).
1998
Inauguration du nouveau casino.
1995
Inscription de la Villa Le Même à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
1992
Ouverture d’un poste de police municipal.
1989
Inauguration des Fermes de Marie, établissement à l’origine de la diffusion du concept d’« hôtel de charme ».
1988
Inscription de l’église Saint Jean-Baptiste et du Calvaire à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
Inauguration du Musée de Megève.
1987
Inauguration du Musée du Haut Val d’Arly.
1986
Inauguration du téléphérique de Rocharbois (liaison inter-massifs).
1982
Megève atteint son maximum historique à ce jour avec 5255 habitants permanents.
1981
Inauguration de la nouvelle école maternelle publique.
1980
Mise en service de la station d’épuration (utilisée en commun avec Praz-sur-Arly).
1978
La commune adhère au SIVOM du Mont-Blanc.
1977
Ouverture de la nouvelle maison de retraite.
1976
Inauguration du collège public de Rochebrune (devenu collège Emile Allais en 2013).
1974
Ouverture d’un temple protestant.
1973
Ouverture de la liaison aérienne Paris-Megève.
1972
Inauguration du ball-trap, qui accueillera par la suite à plusieurs reprises championnats de France et championnats du Monde.
1971
Organisation du championnat du monde de curling.
1970
Jumelage avec Oberstdorf, station bavaroise huppée.
1969
Inauguration officielle du Palais des Sports et des Congrès.
1966
Ouverture de la nouvelle école élémentaire publique.
1964
Premier Grand Prix des artistes, symbole durant une décennie de la période show-business de Megève, devenue en quelque sorte le « Saint-Tropez des neiges ».
Recréation du cadran solaire de la maison forte Magdelain par l’astronome Paul Couderc.
Inauguration de l’altiport.
1963
Adrien Duvillard devient champion du monde de descente. Il le sera à nouveau en 1965 et 1969.
1961
Mégève devient Megève (les deux graphies étaient jusque-là utilisées).
1960
Ouverture de la caserne de gendarmerie.
1959
Tournage du film de Roger Vadim Liaisons dangereuses 1960. Megève servira aussi de décor pour Charade (1963), Tendre voyou (1966), Les Fougères bleues (1977), Le Cactus (2005),…
1952
Mise en service de la télécabine du Jaillet.
Création du groupe folklorique des « Mailles et Béguines ».
1951
Premier Grand Prix international de descente de Megève (Coupe Emile Allais).
1949
L’Hôtel du Mont Blanc est repris et modernisé par Georges Boisson. Bientôt équipé d’un sauna, d’une salle de massage et de musculation, d’une agence de voyage et d’un bar baptisé, grâce au parrainage de Jean Cocteau, Les Enfants terribles, l’établissement devient dans les années 50 le centre de l’animation de la station. Cocteau le qualifiera de « 21e arrondissement de Paris ».
1946
Création de l’Office de Tourisme.
Ouverture du casino.
1944
Après la Libération, le commissaire de la République de Lyon interdit à nouveau le tourisme dans la station pour une durée d’un an, afin d’y créer un « village d’enfants », destiné à accueillir des centaines d’autres petites victimes de la guerre, fils ou filles de Résistants, enfants défavorisés.
Création de l’École de ski de Megève, syndicat professionnel des moniteurs mègevans.
1943
Le préfet de Haute-Savoie, dépendant du gouvernement de Vichy, décrète la fermeture de Megève aux touristes.
La station accueille, avec le soutien du « Comité Dubouchage » (un centre d’accueil situé à Nice), plusieurs centaines de réfugiés juifs vivant dans la zone d’occupation italienne, puis des centaines d’enfants en provenance de zones exposées aux bombardements, pris en charge par les Centres scolaires médicaux de Megève (CSMM).
1942
Création d’un corps franc de l’Armée secrète (un premier noyau de Résistants s’était formé à Megève dès 1941).
1938
Contournement du centre-ville (auparavant la route nationale empruntait les actuelles rues Charles Feige et Ambroise Martin).
1937
Emile Allais décroche les médailles d’or en descente, slalom et combiné aux jeux Mondiaux de Chamonix, devenant le premier Français à remporter un titre mondial en ski alpin. Il met aussi au point, avec Paul Gignoux, la première « méthode française de ski ».
1936
Emile Allais remporte la médaille de bronze du combiné descente-slalom aux jeux Olympiques d’hiver de Garmisch-Partenkirchen (Allemagne), devenant ainsi le premier médaillé olympique français en ski alpin.
Mise en service d’un tremplin de saut à ski olympique près du Calvaire.
1935
L’équipe de hockey sur glace de Megève devient pour la première fois championne de France.
1934
Mise en service du téléphérique du Mont d’Arbois.
1933
Mise en service du téléphérique de Rochebrune, le premier en France destiné au transport des skieurs.
1931
Création officielle du Club des Sports de Megève.
Ouverture d’une première salle de cinéma.
1930
Invention du fuseau par le tailleur Armand Allard. Ce pantalon extensible à la coupe aérodynamique dont les jambes se terminent par un sous-pied devient une icône des sports d’hiver jusqu’à l’avènement des combinaisons dans les années 1960.
1929
Ouverture de la patinoire centrale.
1927
Inauguration du premier chalet moderne de sports d’hiver, œuvre d’Henry-Jacques Le Même, architecte qui marquera de son sceau l’urbanisme local du XXe siècle.
1925
Ouverture de la première maison d’enfants (établissement médico-social spécialisé dans l’accueil temporaire de mineurs).
1923
Création d’un premier parcours de golf au Mont d’Arbois.
1921
Inauguration de l’Hôtel du Mont d’Arbois, point de départ de la période mondaine de Megève, la famille Rothschild y attirant rapidement têtes couronnées, aristocrates et grands bourgeois.
1920
Naissance de Paul Guichonnet, futur géographe et historien, doyen de l’université de Genève, membre correspondant de l’Académie des sciences morales et politiques et président de l’Académie florimontane d’Annecy.
1918
Megève pleure 108 Morts pour la France, soit 6% de la population totale.
1916
La baronne Noémie de Rothschild choisit Megève pour y édifier une station de sports d’hiver française capable de concurrencer Saint-Moritz.
1914
Premier concours de ski organisé à Megève.
1913-1914
Première véritable saison touristique d’hiver, amorcée grâce à un article dithyrambique sur Megève, alors vierge de toute installation de sports d’hiver mais déjà parcourue par une poignée de randonneurs à ski, publié par la journaliste Mathilde Maige-Lefournier dans la revue du Club Alpin Français.
1906
Inauguration de l’actuelle mairie.
1903
Megève est mentionnée dans le Bottin en tant que station climatique. Les villégiateurs y séjournent alors essentiellement en été.
1902
Arrivée de l’éclairage électrique (dans le seul chef-lieu pour l’instant).
L’eau de la source Saint-Michel se voit accorder le titre d’eau minérale.
1892
Achèvement du tronçon routier Megève-Albertville.
1882
Mise en service de la ligne télégraphique Sallanches-Megève.
1881
Achèvement du tronçon routier Sallanches-Megève.
1875
Ouverture de la fondation Morand-Allard, pensionnat pour jeunes filles, et secondairement jeunes garçons, habitant dans les hameaux entourant le chef-lieu.
1871
Construction de l’avant-nef de l’église Saint Jean-Baptiste.
1869
Praz-de-Megève devient une commune indépendante, rebaptisée Praz-sur-Arly en 1907.
1867
Ouverture d’un bureau de poste.
1861
Megève est intégrée au canton de Sallanches avec Demi-Quartier, Combloux, Cordon, Domancy et Saint-Martin (aujourd’hui Saint-Martin-sur-Arve).
1860
Rattachement de la Savoie, et donc de Megève, à la France. La majeure partie de la Haute-Savoie forme alors une grande zone franche (sa limite sud est fixée à l’entrée des gorges de l’Arly), démilitarisée et exempte de taxes. Cette situation va générer, plusieurs décennies durant, un intense trafic de contrebande.
1859
Les princes Humbert et Amédée, fils du futur roi d’Italie Victor-Emmanuel II, sont reçus en grande pompe par la ville.
1857
Première photographie connue prise à Megève (en l’occurrence une vue du Calvaire).
1856
Ouverture d’une école de garçons au hameau du Maz.
1853
Ouverture d’une école de filles au hameau du Maz.
1852
Dernière observation d’un ours brun, dans le secteur de Rochebrune.
1850
Le pape Pie IX accorde l’indulgence de la Portioncule à Notre-Dame-des-Vertus, l’une des chapelles du Calvaire, dont la construction a débuté dix ans auparavant. Bien avant l’avènement du tourisme moderne, Megève devient de ce fait rapidement un important lieu de pèlerinage, ce qui lui vaudra un temps le surnom de « Jérusalem savoisienne ».
1847
Dernier loup abattu sur le territoire de la commune (l’espèce ne fera officiellement sa réapparition dans le pays du Mont Blanc qu’en 2013).
1846
Ouverture d’une école catholique de garçons, confiée aux Frères de la Doctrine chrétienne (« Maison des Frères »).
1843
Ouverture d’une école catholique de filles, confiée aux Sœurs de Saint-Joseph (« Maison des Sœurs »).
1842
Inauguration de l’orgue de l’église paroissiale, œuvre des Frères Callinet.
1841
Création, un an après le grand incendie de Sallanches, d’une compagnie de sapeurs-pompiers bénévoles.
Construction de la première maison particulière recouverte en ardoise, toujours pour prévenir les incendies. Jusqu’à cette date, tous les bâtiments, mis à part l’église et le presbytère, sont en bois, y compris les toitures recouvertes de tuiles en sapin appelées tavaillons ; pierres de taille et ardoises ne commencent à être utilisées couramment qu’à partir du milieu du siècle.
1832
Première mention connue à Megève du terme chalet, habitation paysanne traditionnelle.
1818
Un tremblement de terre frappe la commune.
1810
Naissance de Jean-Marie Tissot, futur évêque de Milève (Algérie) et de Vizagapatam (Inde).
1809
Un nouvel incendie, parti de la maison d’un particulier, détruit la majeure partie du chef-lieu.
1801
Les communes de La Giettaz, Flumet, Saint-Nicolas-la-Chapelle, Notre-Dame-de-Bellecombe et Crest-Voland sont rattachées au canton de Megève.
1800
Le canton de Megève est détaché du département du Mont Blanc pour être intégré à celui du Léman.
1799
L’église paroissiale est rendue au culte.
1795
Ouverture de deux écoles laïques de garçons et filles.
1794
En pleine Terreur, le mobilier de l’église et une partie du clocher sont détruits.
1793
Les prêtres de la paroisse, refusant la constitution civile du clergé, s’enfuient à l’étranger, le district de Cluses est secoué par une émeute insurrectionnelle, déclenchée par le refus de la conscription, les forces piémontaises établissent un camp de réserve à Megève, investie ensuite par les troupes françaises victorieuses. L’année s’achève par la destruction de quinze oratoires et de six chapelles.
1792
Megève vote en faveur du rattachement de la Savoie à la France révolutionnaire.
Après le rattachement, les toutes premières élections municipales organisées à Megève se soldent par la victoire d’un conservateur, le notaire Joseph Marie François Defforges.
1773
Suite à la dissolution de la Compagnie de Jésus, les biens que possèdent les Jésuites à Megève sont transférés à l’économat royal des biens ecclésiastiques de Turin.
1772
Les représentants de la communauté (syndics, membres du clergé, chefs de famille), réunis en assemblée générale, décident le rachat des onze fiefs de la paroisse de Megève, appartenant à différents seigneurs. La libération totale de toute servitude n’interviendra qu’en 1792.
1771
Introduction de la culture de la pomme de terre à Megève.
1768
Naissance de Joseph-Marie Socquet, futur chimiste qui mettra notamment au point la fabrication du muriate potassique utilisé pour le blanchiment du coton.
1761
Edification des quinze oratoires du Rosaire, situés le long de la route menant à Combloux (ils seront par la suite plusieurs fois détruits et reconstruits).
1756
La tour dite seigneuriale ou Magdelain est vendue par le comte de Capré aux communautés de Megève et Demi-Quartier qui se la partagent pour en faire chacune leur hôtel de ville.
1755
La communauté d’habitants rachète les droits féodaux.
1754
Un incendie, parti cette fois d’une forge située derrière la halle (située approximativement à l’emplacement actuel de la mairie), dévaste une fois encore une partie du bourg.
Milieu du XVIIIe siècle
Les conscrits mègevans, au retour de leur service militaire en Piémont, prennent l’habitude d’offrir à leur promise une croix-grille en or délicatement ciselée sur ses deux faces, avec une figurine du Christ au recto, fabriquée sur commande par un orfèvre turinois. Cette « croix de Megève » est depuis transmise, de génération en génération, à la fille la plus méritante de la famille ou à la filleule.
1743-1748
Occupation de Megève par un détachement de l’armée espagnole dans le cadre de la Guerre de Succession d’Autriche. Les croisements effectués au cours de cette période avec les excellents chevaux de la cavalerie espagnole contribuent à l’essor de l’élevage équin local.
1732-1733
Réalisation de la mappe sarde de Megève, document cadastral cartographique de l’ensemble des parcelles accompagné de levés topographiques.
1728
Une épidémie de dysenterie ou de typhoïde entraîne de nombreux décès et un terrible incendie, parti du clocher de l’église alors en travaux, ravage toute la partie nord du chef-lieu.
1716
Naissance de Michel Conseil, futur évêque de Chambéry.
1713
Le tout nouveau roi Victor-Amédée II, en reconnaissance de l’action d’Hyacinthe de Capré lors des négociations qui ont abouti au traité d’Utrecht, érige la seigneurie de Megève en comté.
1707
Ouverture d’une maison de charité (hospice), tenue par ces Dames de la Charité.
1696
Le révérend Orsy, curé de Megève, fonde la Compagnie des Dames de la Charité.
1694
Consécration de la nouvelle église Saint Jean-Baptiste, dont la nef, devenue trop exiguë, a été entièrement reconstruite (seuls ont été conservés de l’ancien édifice le chœur à chevet polygonal et la base du clocher).
1689
Passage à Megève d’un groupe armé de plusieurs centaines de Vaudois (adeptes d’une secte protestante). Bien que n’ayant généré aucun véritable incident, ce passage marquera durablement l’imaginaire local.
1667
Construction des chapelles de La Molettaz (détruite à la Révolution) et des Pettoreaux.
1662
Naissance de Jean-Pierre Muffat, futur comte de Saint-Amour et feld-maréchal lieutenant des armées de l’Empereur d’Autriche.
1653
Naissance de Georges (Georg) Muffat, futur compositeur de musique baroque.
1639
Construction de la chapelle du Planay.
1633
Construction de la chapelle du Calvaire (détruite à la Révolution).
1631
Une dernière épidémie de peste frappe Megève.
1614
Construction de la chapelle du Maz.
1606
Inauguration du presbytère et visite de l’évêque de Genève François de Sales, grande figure de la Contre-Réforme. (Un haut-relief en bois, conservé aujourd’hui au Musée de Megève, est sculpté pour commémorer sa visite du prieuré.)
1578
Jacques de Savoie, baron de Faucigny, étend une nouvelle fois les franchises et privilèges accordés à Megève.
1571
Le pape Pie V cède le prieuré de Megève aux Jésuites.
1563
Construction de la chapelle du Villard.
Vers 1500
Construction de la chapelle des Pénitents (ou chapelle Sainte Anne), dans le cimetière qui entoure alors l’église.
1492
Révolte des « Robes rouges » conduite par Jean Gay, un ancien mercenaire originaire de Megève. Leur nom vient de la couleur de leurs vêtements, utilisée en signe de ralliement. Sa cause immédiate pourrait être le rattachement direct l’année précédente du Faucigny à la Savoie.
1443
Date présumée de reconstruction de l’église Saint-Jean, dans un style gothique tardif.
1425
Les Mègevans obtiennent un adoucissement du régime de la mainmorte (un membre de la communauté peut désormais tester en faveur de collatéraux, à condition de ne pas omettre de coucher le seigneur sur son testament).
1406
Construction de la chapelle de Cassioz, la plus ancienne connue à Megève.
1388
Le prieur bénédictin de Megève, Aymon de Chissé, devient évêque de Grenoble.
1360-1361
Nouvelle épidémie de peste (d’autres encore frapperont la population mègevanne au cours du XVe siècle, qui ne retrouvera son niveau d’avant 1349 qu’au début du XVIe siècle, grâce à un très fort taux de natalité.)
1356
Les comptes du châtelain de Flumet ne font plus état que de 291 feux dans la paroisse de Megève.
1355
Une bataille oppose au lieu-dit « le Champ des corps » (actuels courts de tennis de la Plaine), les troupes du comte de Savoie Amédée VI, dit le Comte Vert, à celles réunies par des châtelains du Faucigny. A la fin du conflit, le Faucigny, vaincu, est intégré au comté de Savoie. La figure du Comte Vert hante depuis le légendaire noir local.
1349
La pandémie de peste noire atteint Megève, fauchant une partie de la population.
1339
Les enquêtes réalisées par les commissaires du pape Benoît XII et du dauphin Humbert II permettent une première estimation de la population de la paroisse de Megève. Très étendue (près de 73 km2), celle-ci englobe alors également les actuelles communes de Demi-Quartier et Praz-sur-Arly ainsi qu’une partie de celles de La Giettaz et Notre-Dame-de-Bellecombe. 622 ou 623 feux (foyers) y sont recensés, soit 3100-3200 habitants si l’on admet un coefficient de 5 personnes par feu, une densité de population déjà assez élevée selon les critères de l’époque.
1313
Hugues de Faucigny confirme et étend les franchises communales de Megève.
1296
Béatrice de Faucigny se rend à Megève (qui fait alors partie de la châtellenie de Flumet, la châtellenie ou mandement constituant depuis le XIIIe siècle la circonscription administrative de base).
1287
Béatrice de Faucigny concède les pâturages d’Hermance, situés sur le versant mègevan de la ligne des crêtes, aux habitants de Saint-Gervais et de Saint-Nicolas-de-Véroce. Cette décision est à l’origine d’un conflit pluriséculaire avec ces communautés. Megève, en dépit d’un interminable procès à épisodes, ne parviendra jamais à récupérer ces pâturages, qui appartiennent toujours aujourd’hui à Saint-Gervais-les-Bains.
1282
La baronne Béatrice de Faucigny octroie à Megève sa première charte de franchises, l’élevant d’un point de vue juridique au titre de ville. Une telle charte codifie les droits d’un seigneur sur une communauté d’habitants déterminée, fixant en particulier le montant des obligations et redevances. Megève y obtient le droit de tenir une foire durant l’octave de la Pentecôte.
1276
Visite pastorale de l’évêque de Genève Robert le Genevois, la première du genre recensée à Megève.
1234-1337
Le Faucigny subit sa propre « Guerre de Cent ans ». Le Dauphiné, le comté de Savoie, le comté de Genève et plusieurs petites principautés, dont le Faucigny, vont s’affronter dans d’interminables guerres féodales. Tous ces territoires sont issus de l’émiettement du Saint Empire romain (germanique). Les plus anciennes maisons fortes construites à Megève (tours de Blay, Million,…) remontent vraisemblablement à cette longue période troublée.
1202
Première mention connue de Megève (Megeva). Dans ce document, Guillaume de Faucigny jure sur les Evangiles dans l’église Saint-Jean de Megève, en présence de Pierre, prieur de Megève et de Chamonix, de prendre le prieuré de Chamonix sous sa protection.
1085
Date présumée de fondation du prieuré de Megève par des moines bénédictins issus de l’abbaye piémontaise de Saint-Michel-de-la-Cluse. Les évêques de Genève feront ainsi établir plusieurs dizaines de prieurés dans les paroisses les plus importantes de leur diocèse.
523
Date présumée de création de la paroisse de Megève, sous le règne du roi burgonde Sigismond (516-524) devenu catholique. La Sapaudia (« le Pays des sapins », d’où dériverait le nom « Savoie ») a été concédée à ce peuple germanique au siècle précédent. Elle sera rattachée au royaume franc en 534, puis intégrée à l’Empire carolingien. Burgondes et Francs ont légué certains patronymes (Allard, Berthet,…) et toponymes locaux (sommet des Salles, torrent du Glapet…).
74
L’empereur Vespasien fait fixer définitivement la frontière entre les Ceutrons et les Viennois (ex-Allobroges). Les bornes frontières implantées aux cols de la Forclaz du Prarion (commune de Saint-Gervais-les-Bains), de Jaillet (commune de Megève), du Petit Croisse-Baulet et de l’Avenaz (limite des communes de La Giettaz et de Cordon) sont parvenues jusqu’à nous. Un petit sanctuaire païen, des sépultures et monnaies antiques ont été mises au jour au hameau de Cassioz, qui semble avoir été le site le plus anciennement habité à Megève.
-16 ou -13
Sous le règne d’Auguste, premier empereur romain, les Ceutrons sont à leur tour incorporés à l’Empire.
-118
Les Allobroges, vaincus militairement en -121, sont intégrés avec d’autres populations dans la Province romaine de Gaule transalpine. Le col de Megève marque alors pour plus d’un siècle la frontière entre le monde romanisé et le territoire des Ceutrons encore indépendants.
IIe siècle avant notre ère
A l’Age du Fer, le col de Megève est tenu, depuis une date indéterminée, par les Ceutrons (Ceutrones), indigènes alpins qui peuplent les vallées de Chamonix, du Bon Nant (val Montjoie), de l’Arly, du Doron de Beaufort, de l’Isère en amont de l’actuelle Albertville (Tarentaise) et les deux versants du col du Petit Saint-Bernard. Le puissant peuple gaulois des Allobroges occupe la plaine. De petits oppida (sites fortifiés) forment une ligne de défense entre les deux peuples, gardant par exemple l’entrée de la vallée de Chamonix ou contrôlant le débouché nord-ouest de la vallée du Bon Nant.
Vers -1500
Apparition des premiers alpages dans le pays du Mont Blanc. Des haches et des faucilles découvertes en différents lieux, en particulier sur la commune de Domancy, confirment le développement des activités agro-pastorales, et corollairement de la déforestation, au cours de l’Age du Bronze.
Vers -2700
Début de l’agriculture dans le pays du Mont Blanc (des analyses de pollens, prélevés dans des tourbières de la vallée de Chamonix, montrent que des céréales y ont été cultivées à partir de cette période).
Des lames d’herminettes ou/et de petites haches en pierre polie trouvées sur les communes de Chamonix et de Sallanches (dont l’une au lieu-dit Les Revennes, à proximité immédiate de Megève) témoignent de cette présence humaine dans le pays du Mont Blanc au Néolithique.
Vers -7000
Fréquentation ponctuelle du pays du Mont Blanc par des chasseurs-collecteurs du Mésolithique.
Vers -10 000
Fin de la période glaciaire. Les cirques du Mont Joly et de l’Aiguille Croche cessent d’alimenter les langues glaciaires qui, après avoir conflué en une langue unique, s’écoulaient dans le couloir qu’empruntent de nos jours les torrents du Planay et du Glapet, entre le Mont d’Arbois et le massif de Rochebrune. Un lac va se former dans cet ombilic glaciaire, comblé en l’espace de quelques millénaires par les apports des torrents. Les multiples cours d’eau qui se déversent au fond du val d’Arly forment désormais des zones humides.
Vers -16 000
Le glacier de l’Arve reflue un peu en amont du verrou de Cluses. Son front stationne à présent à hauteur de Combloux et Cordon, 150 mètres en contrebas de Megève.
Vers -17 000
Le glacier de l’Arve se retire du seuil de Megève.
Vers -25 000
La déglaciation s’amorce avec la déconnection de la diffluence du col d’Evires, au-dessus de La Roche-sur-Foron.
Vers -30 000
Dernier maximum glaciaire. Les glaces issues des hauts massifs comblent les vallées et recouvrent tout le piedmont alpin. Les glaciers du massif du Mont Blanc réunis forment le grand glacier de l’Arve. La surface de ce colossal fleuve de glace atteint près de 2400 mètres d’altitude à la verticale d’Argentière, 1900 au-dessus de Sallanches, 1200 sur Genève, où il conflue avec le glacier du Rhône. Il difflue, par le seuil de Megève, dans la vallée de l’Arly pour ensuite se souder au glacier de l’Isère. Le Mont d’Arbois, par exemple, disparaît alors entièrement sous le flux glaciaire. Les éventuelles traces d’occupation humaine antérieures à cette dernière glaciation sont détruites.
Contact
Le service Archives est ouvert au public, uniquement sur rendez-vous, du lundi au samedi de 10h à 12h et de 14h à 17h :
Tél : +33(0)4 50 93 29 15
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Rôle
Les Archives communales ont pour rôle de collecter, conserver, traiter et communiquer les documents, quels que soient leur date, leur forme ou leur support matériel, produits ou reçus par l’administration communale dans l’exercice de son fonctionnement. Elles sont également susceptibles d’accueillir des archives personnelles, familiales, associatives, commerciales ou industrielles, par voie d’acquisitions, legs, dons ou dépôts. Des particuliers peuvent ainsi contribuer à la collecte, la protection et la diffusion de documents liés à l’histoire locale.
Les Archives communales de Megève comprennent plusieurs fonds :
Séries anciennes (avant 1792)
Les archives anciennes ont pour partie été anciennement détruites ou dispersées. Aussi, le fonds local n’est-il constitué qu’à partir du XVIIe siècle. Ces archives sont classées suivant le plan de classement national de 1926 adapté aux communes, divisé en 9 séries thématiques.
Séries modernes (de 1792 à 1940)
Les archives modernes correspondent aux documents produits entre 1792 (rattachement du duché de Savoie à la France révolutionnaire) et 1940 (fin de la Troisième République). Les documents sont, là encore, regroupés en grands thèmes.
La commune conserve plusieurs dizaines de mètres linéaires d’archives antérieures à 1940.
Séries contemporaines (depuis 1940)
Les archives contemporaines sont officiellement formées des documents postérieurs au 10 juillet 1940. L’accroissement considérable de leur nombre a entraîné l’abandon du classement thématique au profit d’un classement continu dissociant rangement matériel et classement intellectuel. Tous les versements administratifs sont dès lors classés dans l’ordre chronologique des entrées. Les séries contemporaines occupent aujourd’hui plusieurs centaines de mètres linéaires.
Fonds privés
Aux archives publiques s’ajoutent des archives données, léguées ou achetées à des personnes privées physiques ou morales (érudits, architectes, artistes, associations, entreprises…). Sont ainsi conservés également les archives de la Fondation Morand-Allard, de la Maison de charité, du Syndicat agricole hippique et mulassier, de même que les fonds iconographiques Kadisch, Ruggeri ou Bouillé.
Consultation de documents d’archives
Conserver des archives n’aurait pas de sens si celles-ci n’étaient pas destinées à être utilisées, soit pour fournir matière de preuve du droit des personnes et des biens, soit pour les besoins de la recherche historique, soit pour l’enrichissement de la vie culturelle.
La consultation des archives, qui s’effectue uniquement sur place, est gratuite et ouverte à tous. Elle se fait sur rendez-vous et présentation d’une pièce d’identité. Les photocopies, lorsqu’elles sont possibles, sont en revanche payantes (0,40 € l’unité). Tous les documents ne peuvent en effet être photocopiés. C’est le cas des documents reliés (en particulier les registres d’état-civil), de ceux d’un format supérieur au format A3 (notamment les cartes et plans) et, d’une façon générale, de tous les documents précieux, fragiles ou en mauvais état. Il reste alors généralement possible de les photographier. Un programme de numérisation d’archives est par ailleurs en cours. Ces reproductions sont réservées à l’usage privé du demandeur. Pour un usage commercial (publication ou autre), une autorisation préalable est nécessaire.
Les archives publiques sont actuellement, sous réserve de certaines dispositions, communicables de plein droit. Si la plupart des documents peuvent être consultés librement dès leur création ou leur publication (délibérations du conseil municipal, arrêtés du maire, budgets et comptes administratifs, registres des décès, tables décennales de l’état civil, listes électorales, plans cadastraux…), d’autres ne peuvent l’être qu’après un certain délai : à titre d’exemple, les registres de naissances et mariages de l’état civil ne sont consultables qu’au bout de 75 ans (à compter de la date de l’acte ou de la clôture du dossier).
Des demandes de dérogation aux délais de communicabilité peuvent toutefois être faites. En cas de refus par le ministère de la culture (service interministériel des archives de France), la commission d’accès aux documents administratifs (CADA) peut être saisie dans les deux mois suivant le refus. Il s’agit d’un recours obligatoire avant toute action devant le tribunal administratif. Les documents non-communicables en raison de leur état matériel ne peuvent bénéficier d’une dérogation.
Parmi les documents consultables par le public, signalons entre autres :
- procédures, minutes et reconnaissances (XVIe-XVIIIe siècle) ; copie d’un albergement (bail emphytéotique) de 1375 ; statistiques de l’époque révolutionnaire…
- cadastre sarde de 1739-40 (13 mappes). La version numérique de la mappe de Megève est à présent consultable en ligne sur le site des Archives départementales de Haute-Savoie
- registres de délibérations du Conseil municipal depuis 1860 (date de la réunion définitive de la Savoie à la France)
- arrêtés du maire depuis 1860 également (des lacunes existent pour la période 1940-1981)
- registres d’état-civil depuis 1793. Les registres paroissiaux (1610-1837) sont actuellement conservés aux Archives départementales de Haute-Savoie
- dossiers d’archives (principalement depuis la fin du XIXe siècle), produits de la gestion municipale des élus et du fonctionnement des services municipaux dans des domaines tels que l’urbanisme, les travaux (bâtiments, voirie), les affaires scolaires, les élections, la population, la politique de la ville, etc…
- documentation historique, constituée en particulier des bulletins municipaux depuis 1968, d’ouvrages et d’articles de périodiques évoquant le passé de la commune et de ses environs, de dossiers historiques et thématiques
- photographies et cartes postales anciennes (en cours de numérisation)
Les archives d’origine privée ne sont pas toutes nécessairement consultables. Les différents donateurs ont en effet la possibilité d’émettre des réserves de communicabilité.
La borne romaine du col de Jaillet
Cette borne constitue un des derniers vestiges de l’opération menée en 74 par le légat propréteur (commandant) de l’armée de Germanie supérieure, chargé par l’empereur romain Vespasien de fixer définitivement la frontière entre les Ceutrons et les Viennois (Allobroges), dont les relations demeuraient conflictuelles.
Du nord au sud, la frontière entre les deux provinces romaines passait alors par le Mont Buet (point culminant du massif des Aiguilles rouges), le col de la Forclaz du Prarion, le Nant Gibloux, les communes de Saint-Gervais-les-Bains et Domancy, le mont d’Arbois, la limite actuelle entre les communes de Demi-Quartier et de Megève, le sommet des Salles (point de jonction entre les communes de Megève, Combloux et Sallanches), le col de Jaillet, le col du Petit Croisse-Baulet, le col de l’Avenaz (séparant actuellement les communes de La Giettaz et de Cordon), le col de Tête-Pelouse (dans la chaîne des Aravis), puis longeait l’Arly, avant de suivre la ligne des crêtes de la chaîne de Belledonne.
Le seuil de Megève était de fait déjà peuplé dans l’Antiquité romaine. Au hameau de Cassioz, des sépultures et monnaies antiques ont été découvertes au XVIIIe siècle. Un petit sanctuaire païen a également été signalé à l’emplacement de la chapelle de Cassioz.
L’église Saint Jean-Baptiste
Inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques, elle est considérée comme l’une des plus originales du Faucigny.
Un premier édifice, dont la date de construction nous est inconnue, est mentionné à Megève dès 1202. Les trois parties principales du bâtiment actuel renvoient à trois époques différentes : le chœur, de style gothique tardif, remonte à la fin du XIVe siècle ; la nef a quant à elle été entièrement reconstruite à la fin du XVIIe siècle ; l’avant nef, enfin, a été ajoutée dans les années 1870. Le clocher à bulbe a pour sa part été érigé au XVIIIe siècle et partiellement reconstruit au siècle suivant, au cours de la Restauration sarde.
L’orgue, inauguré en 1842, est dû aux Frères Joseph et Claude-Ignace Callinet, membres d’une lignée réputée de facteurs d’orgue qui a marqué l’époque préromantique. Depuis sa restauration en 2004, grâce à la fondation Conny Maeva, ce magnifique instrument a retrouvé en grande partie la physionomie et les caractéristiques qu’il possédait à l’origine.
Pour aller plus loin dans votre exploration :
- livret sur l’histoire de l’église St-Jean-Baptiste, en vente à Megève Tourisme, 3 euros (FR/GB)
- Itinéraires Megève Découverte : audio-guide en téléchargement libre et gratuit (FR/GB), parcours église : 30 mn, parcours village 1h
- Visites guidées avec les guides du patrimoine Savoie Mont-Blanc (renseignements à Megève Tourisme)
Les chapelles de hameaux
Érigées pour la plupart à l’âge baroque, aux XVIIe et XVIIIe siècles, ces fidèles sentinelles veillent chacune sur un hameau (le Mas, le Planellet, le Planay, les Pettoreaux, le Villard, Cassioz…). L’été, immergées dans une nature verdoyante, elles ajoutent une touche de fraîcheur et de simplicité aux scènes colorées de la vie paysanne ; l’hiver, assoupies sous un manteau de neige immaculée, elles semblent ressusciter des images des temps passés.
Les maisons fortes
Ces maisons fortifiées ont généralement été bâties au Moyen Âge par des familles nobles du pays afin de se protéger contre des incursions hostiles de seigneurs féodaux ennemis.
Celles qui subsistent encore de nos jours ont souvent été transformées en fermes, telle l’ancienne Tour du Bouchet, édifiée sur un petit éperon rocheux dominant l’Arly.
Deux de ces maisons fortes restent visibles sur la place de l’église. La tour dite du Prieuré, érigée vraisemblablement à la fin du XIIIe ou au début du XIVe siècle, et la tour dite Magdelain, d’après le nom de la famille qui l’a fait construire au milieu du XVIe siècle (sa façade sud-est est actuellement ornée d’un très beau cadran solaire). Fait quasi unique en France, cette dernière abrite la mairie d’une autre commune, celle de Demi-Quartier.
Construit entre 1904 et 1906, l’actuel Hôtel de ville, de style néo-classique, est l’œuvre de Fleury Raillon, l’architecte départemental de la Haute-Savoie de 1898 à 1938 (également auteur des mairies de Cluses et de Thônes, de l’École nationale d’horlogerie de Cluses, du Grand Hôtel du Mont-Blanc à Combloux…).
Au début du XXe siècle, le bâtiment abritait au rez-de-chaussée, dans ce qui est aujourd’hui la salle du Conseil, un autre service public, le Bureau des postes, télégraphes et téléphones, mais aussi, dans l’aile opposée, un café ! Seule une partie du premier étage était alors utilisée par le secrétaire de mairie et par le conseil municipal pour ses séances. Le reste du bâtiment était aménagé en appartements. En 1924, une coopérative d’alimentation faisant office de boulangerie et d’épicerie succèdera au café. Deux ans après, un des logements sera transformé en cabinet dentaire.
La commune prendra possession du bureau de poste en 1935, après la construction d’un bâtiment spécifique, à l’emplacement de l’actuelle Maison de la montagne. En 1945, un service de consultation médicale pour les nourrissons sera même aménagé dans un appartement alors vacant. La coopérative d’alimentation laissera place à l’Office du tourisme en 1965, qui y demeurera jusqu’en 1981.
Si le bâtiment n’a pas subi de modification extérieure significative au cours du siècle écoulé, il a en revanche été maintes fois remanié intérieurement. Dès 1927, l’architecte H. J. Le Même fera par exemple ouvrir une large baie dans le hall d’accueil. Suivront au cours des décennies suivantes, l’aménagement de différents bureaux, l’intégration d’éléments de confort comme le chauffage central ou un ascenseur…
L’Hôtel de ville
Le patrimoine architectural du XXe siècle
L’architecture mègevanne du dernier siècle est dominée par la figure d’Henry-Jacques Le Même (1897-1997). Depuis sa réalisation en 1927, pour la baronne Noémie de Rothschild, d’un chalet librement inspiré des fermes de la région, ce brillant architecte est considéré comme l’inventeur du chalet de sports d’hiver, confortable, fonctionnel et largement ouvert sur le paysage environnant.
Son œuvre a largement contribué à définir l’habitation individuelle en montagne dans la première moitié du XXe siècle. La station lui doit de nombreux autres chalets mais aussi des hôtels, établissements scolaires, magasins, bars, dancings… Grâce à Le Même, Megève demeure le symbole de l’art de vivre en montagne d’une société brillante à laquelle il a offert son identité architecturale.
Trois des chalets qu’il a fait édifier à Megève (La Croix-des-Perchets en 1928, Le Grizzly en 1932 et Le Cairn en 1941) bénéficient à présent du label Patrimoine du XXe siècle en Rhône-Alpes délivré par le ministère de la Culture. Son étonnante maison atelier, en bordure de la montée Saint-Michel, qui mène au Calvaire, est elle inscrite à l’Inventaire supplémentaire des Monuments historiques.
Le Calvaire
Entre le cœur du chef-lieu et le plateau du mont d’Arbois, s’élève un des seuls Monts Sacrés, ces montagnes de la Passion scandées de chapelles et de scènes de la montée au Calvaire, que compte notre pays. Aménagé entre 1840 et 1878, le Calvaire de Megève est avant tout l’œuvre d’un homme, le Père Ambroise Martin (1791-1863), curé de Megève de 1820 à sa mort. Il est formé de quinze chapelles et oratoires, étagés sur les premières pentes de la montagne, figurant les stations du Chemin de croix menant au Golgotha de Jérusalem.
Les différents édifices, qui empruntent à tous les styles architecturaux du passé, accueillent une cinquantaine de statues en bois peint, généralement grandeur nature, complétées par des fresques et trompe-l’œil. Architecture, sculpture et peinture se conjuguent ici pour évoquer en images saisissantes de réalisme la vie et la Passion du Christ.
Ce très bel ensemble a naguère constitué un lieu de pèlerinage si important qu’il a valu un temps à Megève le surnom de « Jérusalem savoisienne ». Aujourd’hui inscrit aux Monuments historiques, il représente un lieu de mémoire pour les gens du cru, un agréable but de promenade pour les villégiateurs et offre à tous une vue panoramique sur la haute vallée de l’Arly et les contreforts du Mont Blanc.
Imaginez… Imaginez un petit bourg alpestre, à l’aube de la IIIe République… Il fait très beau… Tout semble calme en cette après-midi d’été – bientôt trois heures et demi vous indique l’horloge du clocher. Seul murmure à vos pieds le nant du Planay – rebaptisé torrent des Cordes par la volonté du Père Martin –, enjambé par deux vieux ponts de pierre. Un petit bonhomme vous observe avec curiosité, accoudé au parapet du plus proche. Un jour, dans des dizaines d’années, s’élèvera où vous vous trouvez une institution du Megève touristique, Le Cintra, mais vous l’ignorez encore.
Une grande croix de pierre, venue en 1858 en remplacer une autre détruite sous la Révolution, se dresse à l’entrée de la place, sous l’ombre protectrice du prieuré et de l’église. A l’horizon, resplendit une grappe de constructions récentes, étagées à flanc de montagne. Le Calvaire, pour lequel les braves paroissiens n’ont pas ménagé leur peine sous la férule de leur fameux curé Ambroise Martin, fait désormais la renommée du village, auparavant quasiment ignoré des voyageurs.
Vous quittez votre perchoir et descendez sur la place, en empruntant le petit pont. Le chalet en bois qui vous la masquait est à présent dans votre dos. Le prieuré, avec sa charmante tour médiévale et son porche sculpté donnant sur une cour intérieure, attire votre regard.
Le bâtiment de droite, édifié dans l’enceinte du prieuré peu après le rattachement à la France, accueille depuis 1867 la « Poste aux lettres », comme l’indique un petit écriteau au-dessus de la porte d’entrée.
Il est un peu plus de quatre heures – difficile d’oublier l’inexorable fuite du temps avec ce clocher qui depuis 1872 arbore un cadran sur chacune de ses faces. Mais le bureau de poste paraît encore ouvert – heureuse époque !
Le temps s’écoule pour vous par bouffées. L’espace d’un clignement d’œil, la place a déjà changé d’aspect. Une route la traverse maintenant de part en part, grâce à un nouveau pont. Plusieurs années semblent avoir passé.
En 1891, vous souvenez-vous, des édifices ont dû être démolis pour permettre le passage d’une route nationale qui a désenclavé la haute vallée.
Un petit commerce, au nom de « Morand Michel », borde la nouvelle voie, tandis que la Poste a migré en 1882 de quelques mètres dans le bâtiment adjacent, plus vaste.
Vous jetez à présent un œil sur la droite ; la vieille halle, qui sert présentement surtout de hangar pour loger les pompes à incendie, et la maison en bois, qui abrite le café dit de la Poste, sont toujours là.
Mais pour combien de temps encore ?
Les années défilent… Les petits commerces fleurissent. Un café au bord du torrent, une épicerie-mercerie au rez-de-chaussée de l’étroit bâtiment accolé à la tour du prieuré…
L’enseigne de la boutique « Morand Michel » est maintenant au nom de « Veuve Morand » (« Epicerie et Comestibles – parapluies, chaussure en tout genre »).
Ah, la « Meni » Morand est depuis longtemps une figure de la place. La « Poste aux lettres » s’est quant à elle muée en « Poste et Télégraphe ».
Au moins, l’église vous paraît être restée identique à elle-même… depuis l’ajout au début des années 1870 de l’avant-nef richement ornée de statues de saints.
Les croix vous semblent juste un peu plus nombreuses dans le cimetière qui la ceint entièrement.
Une ménagère lave son linge au lavoir. Scène banale de la vie quotidienne du temps songez-vous.
1906, un grand bâtiment en pierre est en train de s’élever à l’emplacement de la halle et du chalet en bois. Des fils électriques zèbrent le ciel en tous sens.
Cela fait déjà quelque onze ans que la grande croix a été déplacée derrière la Poste, pour faire de la place. Rien ne semble devoir s’opposer à la marche du progrès.
Le temps de tourner la tête en direction du presbytère, quatre années de plus se sont écoulées. C’est déjà 1910.
Derrière le presbytère, où réside depuis trois ans le curé Maistre, dans la « route du patronage », vous entrapercevez un bâtiment portant l’enseigne d’un tailleur, un certain Antoine Allard.
La Belle Époque n’est déjà plus qu’un souvenir. Les visages sont graves. Vous voilà en pleine Guerre mondiale.
Réunis autour du porche de la nouvelle mairie, qui abrite en son rez-de-chaussée les « Postes Télégraphes Téléphones » et l’ex café « de la Poste », les habitants attendent que leurs chevaux et mulets soient recensés.
Sans trop savoir comment, vous vous retrouvez brièvement au milieu de la route nationale.
Vous reconnaissez immédiatement face à vous la vieille tour Magdelain mais découvrez à sa droite un établissement touristique, l’Hôtel du Mont Blanc, ouvert pourtant dès le début du siècle savez-vous.
La guerre est terminée, vous le devinez au changement d’ambiance. Le bourg rural devient station de ski à la mode.
L’ancienne petite épicerie des Morand s’est transformée en magasin dédié aux sports d’hiver, vendant des cartes, des guides touristiques et autres articles.
Le tailleur Allard s’est installé dans le bâtiment accolé à la tour du prieuré. Reconstruit, il masque maintenant fâcheusement en partie cette dernière.
Vous arrivez au seuil des années 30 du XXe siècle.
Désormais bien familier des lieux, vous remarquez d’emblée la disparition de la croix, transplantée en 1925 dans le nouveau cimetière.
A sa place, se dresse un monument aux morts de la guerre de 1914-1918, tristement inauguré en 1923.
Nouveau petit bond dans le temps, en plein dans ces années 30.
La place vous semble plus grande. Ce n’est point une illusion. Le torrent s’est vu recouvert en 1924, entraînant la destruction du vieux pont des Cinq-Rues, mais permettant notamment la construction, derrière la mairie, de l’Hôtel des Trois pigeons. Le cimetière et le lavoir ont à leur tour également disparu.
La place s’est encore agrandie. L’immeuble dit du Petit Prieuré, où se trouvait jadis la Poste, a lui aussi été rasé, en 1937. Il donnait pourtant l’illusion de devoir faire éternellement partie du paysage. Vous ne retrouvez pas non plus la Poste où vous l’aviez laissé, au rez-de-chaussée de la mairie. A sa place, depuis 1935, s’affiche le syndicat d’initiative. La coopérative d’alimentation subsiste en revanche encore, depuis 1924, dans l’autre aile du bâtiment public.
Les véhicules, à moteur ou à cheval, vous apparaissent garés de façon toujours plus anarchique. Mais vous ne vous en étonnez pas outre mesure : depuis la construction d’une déviation en 1938, la route nationale ne traverse plus la place. Et voici de nouveau la guerre, puis les jours de la libération…
Un parking garni de voitures individuelles occupe maintenant la majeure partie de l’espace public. Pas de doute, vous avez atteint ces fameuses « Trente Glorieuses » où la possession d’une automobile symbolise un mode de vie propre à la société de consommation de masse.
Dans un second temps, vous remarquez certains détails qui vous avaient échappé jusque-là : l’ancien porche d’entrée du prieuré n’a lui pas été détruit en 1937 mais plaqué contre la façade latérale de l’église, autour d’une porte annexe, et le monument aux morts déplacé pour bien dégager la place.
Votre périple spatio-temporel vous conduit finalement au début du XXIe siècle. Les automobiles ont étrangement déserté la place. Vous vous souvenez alors de sa fermeture à la circulation automobile, dans les années 80. Et de son pavage au début de la décennie suivante, pour la rendre définitivement aux piétons et aux véhicules hippomobiles. La foule, nombreuse, vous frappe également. Tout comme les façades cossues et pimpantes des bâtiments bordant la place, dont le prieuré, l’église et le presbytère, rénovés au tournant du siècle.
La multiplication des jardinières et autres bacs à fleurs ne vous échappe pas non plus. L’ensemble vous procure l’impression d’un décor très étudié. Dans ce décor, évoluent des individus sophistiqués, qui ne semblent plus vivre en situation communautaire comme auparavant dans le village mais plutôt fonctionner dans un système de réseau. En l’espace d’une centaine d’années, nous avons tellement changé que l’on ne s’en est pas aperçu…
David-Alexandre Rossoni